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Carte d’Identité

Une description rapide

Incarnez un industriel et tirez profit du boom économique et technologique de la Saxe du XIXè siècle, reposant principalement sur l’invention du Nucleum.

Une partie se compose d’une succession de tours de jeu, durant lesquels le joueur actif réalise une action parmi trois possibles :
– Jouer une tuile Action de sa réserve sur l’emplacement libre le plus à gauche en haut de son plateau personnel. Le joueur actif résout ensuite les actions indiquées sur cette tuile dans l’ordre de son choix. Enfin, avant ou après avoir réaliser ses actions, il peut remplir un Contrat en réunissant les conditions requises afin d’obtenir des bénéfices. Ces Contrats sont de deux ordres : violet sur le plateau de jeu, ou argent/or, préalablement réservés et désormais dans sa zone de jeu.
– Jouer une tuile Action de sa réserve sur un emplacement Voie Ferrée vide du plateau principal en y plaçant un de ses ouvriers. Si les bords de cette tuile correspondent aux couleurs d’une ville adjacente ou d’une autre tuile adjacente, les actions concernées par ces correspondances de couleurs sont réalisées, que ce soit pour le joueur actif ou pour le ou les possesseurs des tuiles adjacentes. Si l’ajout de cette tuile termine une liaison ferroviaire, les participants à l’élaboration de cette liaison reçoivent une récompense d’inauguration.
Les tuiles présentent six actions principales :
° Urbaniser. Il s’agit de construire un de ses Bâtiments sur un emplacement vide de type correspondant sur le plateau principal, dans l’un de ses réseaux, contre une somme d’argent. Un réseau est un regroupement d’une ou plusieurs villes adjacentes à une ou plusieurs liaisons ferroviaires terminées, dont le joueur possède au minimum une voie ferrée.
° Industrialiser. Il s’agit de construire une Turbine ou une Mine sur un emplacement vide de type correspondant sur le plateau principal, dans l’un de ses réseaux, contre des ouvriers. La construction d’une mine produit autant d’uranium que de mines personnelles construites par le joueur actif. L’uranium est stocké sur les différentes mines possédées. Pour la construction d’une Turbine et d’une Mine alignées sur le plateau personnel, un bonus est octroyé.
° Développer. Il s’agit d’acheter une ou deux (contre deux Thalers supplémentaires) nouvelles tuiles du Marché. De nouvelles tuiles sont ajoutées au Marché pour remplacer celles acquises, par un système de glissement.
° Contrat. Il s’agit de récupérer un Contrat de l’offre et de le placer sur un emplacement approprié de son plateau personnel pour recevoir une récompense. Un nouveau Contrat est ajouté pour remplacer celui acquis. Les Contrats récupérés deviennent des objectifs personnels à réaliser. Certains octroient des Développement Technologiques comme récompenses, ce qui permet de débloquer des capacités immédiates, permanentes ou de fin de partie, différentes d’un joueur à un autre.
° Alimenter. Il s’agit d’alimenter un Bâtiment en énergie, pour récupérer un bonus ainsi que des jetons Réalisation. Cette action s’effectue en cinq étapes :
+ Sélectionner une Centrale Électrique sur le plateau.
+ Transporter du Charbon ou de l’Uranium jusqu’à cette Centrale en empruntant des voies ferroviaires terminées. Le Charbon se situe dans deux zones de production distinctes et son coût augmente au fur et à mesure de son utilisation. Chaque charbon produit une unité d’électricité. L’Uranium se trouve sur les Mines personnelles des joueurs et chaque cube produit deux unités d’électricité. L’Uranium ne peut être converti en électricité que par une Centrale possédant du Nucleum. Une Centrale peut convertir un seul cube d’Uranium. Chaque Turbine permet d’en convertir un de plus. L’utilisation de Turbines adverses coûte un Thalers, payé à leurs propriétaires.
+ Déterminer la quantité d’électricité produite.
+ Sélectionner un Bâtiment connecté (neutre ou personnel) dont les besoins énergétiques sont inférieurs ou égaux à la quantité d’énergie produite.
+ Retourner le Bâtiment alimenté et recevoir les récompenses indiquées en plus des jetons Réalisation.
° Subventionner. Il s’agit d’actions mineures comme gagner de l’argent, des ouvriers, avancer sur une Piste Revenus, gagner des jetons Réalisation…
– Effectuer une recharge. Le joueur actif effectue quatre étapes :
° Gagner des Thalers, Ouvriers, et Points de victoire selon le niveau des marqueurs Revenus atteint sur les pistes correspondantes et le nombre de tuiles Action posées.
° Placer un marqueur Jalon sur la piste correspondante sur une case égale ou inférieure à la quantité de jetons Réalisation possédés. Les joueurs ne peuvent pas posséder deux de leurs marqueurs dans le même palier. Du Nucleum peut éventuellement être débloqué pour être envoyé à une Centrale si le marqueur Jalon posé est le premier sur l’un des trois premiers segments. Sur le segment le plus haut, d’autres bonus sont gagnés. Pour les trois premiers marqueurs Jalon posés, et lorsque tous les joueurs ont positionné le leur, un décompte « Jour de Roi » a lieu, favorisant les propriétaires des deux marqueurs les plus hauts sur la piste.
° Défausser les jetons Réalisation.
° Récupérer les tuiles Action du haut de son plateau personnel.

La fin de partie intervient lorsque deux des cinq conditions suivantes sont remplies :
– Les pioches de tuiles Action sont vides.
– Les deux piles de Contrats Argent et Or sont vides.
– Les joueurs ont rechargé trois fois chacun.
– Un joueur a débloqué toutes ses Technologies.
– Un joueur a atteint 70 points.
Dès qu’un joueur atteint une de ces conditions, il gagne trois points de victoire. A près un dernier tour, le décompte final pour déterminer le vainqueur prend en compte :
– Les Jalons : chaque marqueur sert de multiplicateur à une condition indiquée sur une tuile Jalon de son segment.
– L’objectif de la 8e Technologie débloquée.
– Les ressources restantes.
– Les points des Bâtiment personnels alimentés.
– les points des marqueurs sur la piste de Revenus.

Oui ou Non

En Résumé

Un nouveau titre signé Simone Luciani et David Turczi, est souvent une très bonne nouvelle pour les joueurs experts qui se respectent, d’autant plus lorsque le « quand dira-t-on » ludique le présente comme un mixte entre BARRAGE et BRASS. Avec une annonce pareille, NUCLEUM a intérêt à briller.

Pour briller, rien de mieux qu’une thématique de production d’électricité en Allemagne de l’Est au XIXe siècle. Quoi ? Cela ne vous réveille pas quelques papillons dans le ventre ? Et bien, moi, si, et j’assume. Certes, le thème peut paraître austère, mais j’en ai quelque peu ma claque de l’écologie, des papillons et des fleurs autour. Ah et puis, les joueurs vont devoir poser des voies ferrées pour créer des réseaux afin d’acheminer charbon et uranium vers des centrales électriques afin d’alimenter des bâtiments en énergie. Et j’aime les jeux de trains, enfin plus exactement les jeux de trains sans train. La thématique n’est peut-être pas sexy, ni originale, mais me donne, très subjectivement, une envie folle de jouer. En plus, une fois n’est pas coutume, elle est très bien respectée et concrétisée. Les protagonistes se surprennent à ressentir une immersion plutôt convaincante. Et quand la mécanique est aussi percutante, on peut parler d’exploit.

Oui, parlons mécanique. En un mot, elle est grandiose. Voilà, au revoir ! Plus sérieusement, les joueurs vont devoir se créer un « deck » de tuiles en interagissant avec un marché commun pour ensuite les placer soit sur leur plateau personnel et ainsi les conserver, soit sur le plateau principal en guise de voie ferrée et ainsi s’en séparer non pas sans peine. Et pourquoi me direz-vous ? Et bien, pour réaliser principalement cinq actions assez faciles à prendre en main, mais dont la maîtrise requiert quelques nœuds au cerveau. En réalité, si vous savez jouer au Dominos, NUCLEUM est fait pour vous. En effet, les correspondances de couleurs des bords des tuiles posées comme voies ferrées activent les effets à exécuter, chez vous, mais aussi chez tout autre joueur possédant des tuiles adjacentes. Ainsi, si les participants restent dans une concentration très solitaire, les constructions sur l’espace de jeu commun concernent tout le monde et les interactions subtiles s’organisent autour d’elles. NUCLEUM est presque coopératif dans sa conception, mais extrêmement compétitif dans ses enjeux.

NUCLEUM est presque coopératif dans sa conception, mais extrêmement compétitif dans ses enjeux.

Autour de cette mécanique principale, gravitent tout un tas d’éléments aussi importants et cohérents les uns que les autres. On retrouve des pistes de revenus, des objectifs communs, personnels et de fin de partie à tenter d’atteindre, ou encore des améliorations de capacités à glaner. Malgré le nombre de paramètres à prendre en compte, NUCLEUM n’est jamais lourd. Je ne vais pas dire qu’il est léger pour autant. Mais, entre une ergonomie parfaite, des tours de jeu ultra fluides ou un nombre d’action limité, il est impeccable d’efficacité. Il est d’une justesse impressionnante entre le plaisir ressenti et les réflexions entreprises. Je dirai même que le plaisir provient de cette complexité très contrôlable.

Le plaisir provient de cette complexité très contrôlable.

Alors, si la perfection n’existe pas, c’est peut-être avec son décompte final que NUCLEUM va choir. Et bien même pas, la fin de partie est également bien plus fluide et sereine que d’autres « eurogames » de sa trempe. Il faut dire que les phases de recharges ont préparé le terrain. En effet, c’est en passant son tour en quelque sorte, qu’on se refait une santé niveau ressources et tuiles, et qu’on place nos pions en vue du décompte final en faisant le bilan de nos productions énergétiques. Tout ça est véritablement étincelant. De plus, les joueurs peuvent anticiper une fin de partie, pour le coup, non-abrupte, avec ce système d’un nombre de conditions à atteindre, souple, mais plus tactique qu’il ne paraît.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins, NUCLEUM est énorme. Si je dois vraiment lui trouver un défaut, c’est peut-être son temps de jeu un peu élevé, et encore qu’il diminue très largement dès la seconde partie. Entre DARWIN’S JOURNEY et celui-ci, Simone Luciani se pose comme mon auteur expert de référence. Et il y aurait tant d’autres jeux à citer… NUCLEUM provoque une tension incroyable alors même que les règles s’apprivoisent rapidement. Les joueurs seront à la recherche du moindre bonus, permettant de se sortir d’une situation délicate. La construction du réseau rend fier comme un pape, tout comme l’alimentation de bâtiments très énergivores. Bien que les interactions soient au centre du système de jeu, elles ne sont pas des freins pénibles aux progressions des joueurs, qui d’ailleurs possèdent des capacités et objectifs personnels asymétriques. Au contraire, elles se révèlent motivantes et obligent à des réactions efficaces. Le jeu nous pousse dans nos retranchements sans nous le faire comprendre ostensiblement. Des NUCLEUMS, j’en veux pleins, j’en veux tous les jours, et je veux jouer et rejouer à cette bombe nucléaire ludique.

Au Final

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