
Carte d’Identité

Auteur : Germán P. Millán
Illustrateur : Edu Valls
Éditeur : Iello
Distributeur : Iello
Thématique ★★★☆☆
Esthétique ★★★★★
Complexité ★★★★☆
Réflexion ★★★★★
Interactions ★★★★☆
Rejouabilité ★★★★☆
Une description rapide
Pouvez que vous êtes le seul Bitoku, capable de prendre la succession du Grand Esprit de la Forêt !
Une partie se déroule en quatre manches, divisées en quatre phases, représentant les différentes saisons d’une année :
– Printemps : Le réveil de la Forêt. Les joueurs invoquent leurs Yokaïs en piochant des cartes (de ce type) de leur pioche personnelle jusqu’à en posséder quatre en main. Ensuite, ils choisissent d’en défausser une qu’ils n’utiliseront pas lors de cette manche. Enfin, ils récoltent les gains des Cristaux oniriques (violets) qu’ils possèdent sur leur plateau individuel.
– Été : L’appel des gardiens. Les joueurs choisissent une des actions suivantes à tour de rôle :
° Jouer une carte Yokaï de leur main. Il s’agit de positionner celle-ci sur l’un des trois emplacements de leur plateau. Ainsi, ils débloquent le dé positionné à côté de cet emplacement, activent l’effet de la carte jouée et récupèrent le bénéfice du Cristal éventuellement connecté à cet emplacement.
° Utiliser un dé débloqué de leur plateau personnel. Il s’agit de déplacer un dé débloqué de leur plateau vers n’importe quelle case libre de la zone Forêt du plateau principal pour effectuer l’action permise. La valeur du dé détermine la force de l’action à réaliser. Il est possible de dépenser des Amulettes pour augmenter la valeur du dé actif. Attention, un dé positionné doit avoir une valeur supérieure ou égale à chaque autre dé présent dans la Région. Les cinq régions principales permettent de faire progresser les Kodamas des joueurs sur leurs pistes associées en plus de pouvoir :
+ Les Forges. Construire un bâtiment (offrant par la suite d’autres possibilités d’actions dans la zone Forêt dans lequel il est construit) et acheter des Cristaux
+ Les Escaliers de la Connaissance. Faire progresser leurs Pèlerins le long du Chemin de la Sagesse ou le long du Chemin de Bitoku (afin d’obtenir différents bonus)
+ Les Terres des Yomis. Obtenir une Libellule ou un Mitama. Leur association permet de récupérer différents bonus.
+ La Clairière de Jade. Obtenir des ressources
+ La Demeure du Grand Esprit. Obtenir des Amulettes
° Traverser la rivière. Il s’agit de déplacer un dé, déjà positionné, sur une Région de la Forêt vers une des Collines Hikaru connectées à cet emplacement. Le dé perd un de valeur et permet d’effectuer une action suivante :
+ Récupérer la carte Bitoku de cet emplacement et la positionner sur le Chemin de Bitoku de son plateau personnel
+ Récupérer la carte Yokaï de cet emplacement et la prendre dans sa main
+ Effectuer deux actions entre piocher une carte Vision (Objectif), prendre un Rocher d’Iwakura, à positionner sur son plateau personnel, placer un Pèlerin sur son Sentier des Rochers ou avancer un Kodama d’une case sur une des pistes.
° Passer leur tour définitivement.
– Automne : La Révérence. Les joueurs déterminent le nouveau premier joueur suivant la positions de leurs dés dans la Demeure du Grand Esprit.
– Hiver : Le Repos de la Forêt. Les joueurs récupèrent leurs dés, peuvent écarter une de leurs cartes Yokaï de la partie et obtenir les points de victoire qu’elle octroie, placer les cartes Yokaï jouées dans leur défausse. Le plateau est réinitialisé et le pion Grand Esprit avance d’une case sur la piste de Manches.
La partie se termine à la fin des quatre manches. Le vainqueur est déterminé après un décompte final, prenant en compte :
– Le premier joueur en fin de partie
– Les différents types de cartes Bitoku sur leur chemin
– L’avancée des Kodamas sur leurs pistes respectives
– Les points de victoires qu’octroient les Rochers d’Iwakura en fonctions des Pèlerins qui les entourent
– Les cartes Visions réalisées ou non (malus)
– La valeur des dés des joueurs et les ressources restantes



Oui ou Non

- Un matériel de grande qualité et très thématique
- Des illustrations à tomber par terre
- Une mécanique de gestion et de pose de dés très plaisante
- Un « deckbuilding » très restrictif, obligeant à des choix tendus
- Des tours de jeu plutôt fluides
- Des interactions, parsemées un peu partout
- La gestion indispensable du tempo des actions à réaliser
- Une originalité globale

- Un livret de règles indigeste
- Un plateau extrêmement chargé rendant la lisibilité complexe
- Une iconographie peu intuitive
- Un décompte final en énorme salade de points
- Une perte d’intérêt à deux joueurs


En Résumé
Non, je ne parlerai pas de ce que vous pensez…
BITOKU est le dernier titre de la gamme Expert de chez Iello, et il est très très expert. Il n’y a aucun doute là-dessus. Enfin, je peux quand même émettre une petite nuance. Les actions à réaliser ne sont pas si complexes que ça en définitif. Il existe bien plus alambiqué. Non, c’est tout le reste qui le rend compliqué. Son livret de règles est, par exemple, absolument indigeste. En effet, il y en a partout, en pleine page, dans des colonnes latérales, en entête et pieds de pages. Pour le coup, côté aération, on ne va pas attraper une pneumonie ! Et puis, prévoyez une loupe tant que vous y êtes ! Qu’est ce que c’est écrit petit ! Soit c’est moi qui vieillis (c’est une possibilité non-négligeable), soit les éditeurs ont voulu tester la persévérance des joueurs… « Toi, t’es arrivé à quelle page sans piquer du nez ? »
Bref ! Mais il n’y a pas que la règle, il y a aussi le thème, qui sur le papier apparaît tout « choupinou » et qui au final nous en fait voir des ronds de chapeau. Je crois que je n’ai jamais appris autant de termes en si peu de temps. Franchement, à la première lecture, tous ces nouveaux mots sont carrément imbuvables. Et puis, progressivement, l’appropriation se fait et on se surprend même à crâner au beau milieu des Mitamas et des Rochers d’Iwakura. C’est un mauvais moment à passer, je vous assure. Certes, le charme opère, mais dans la douleur quand même. La promenade entre les Terres des Yomis et la Rivière Sacrée Kurirakugan est bucolique, mais se mérite. Elle a tout de même une tendance à nous casser sacrément les pieds.
Le thème, qui apparaît sur le papier tout « choupinou » nous en fait voir des ronds de chapeau !
Pourtant, c’est tout cet exotisme qui rend le titre aussi sympathique. Le thème est ainsi plutôt bien concrétisé même si la difficulté d’appropriation fait qu’on se focalise avant tout sur la mécanique. Et la mécanique, elle, n’est pas là pour flâner autour des cerisiers. Le mélange entre pose d’ouvriers, gestion de dés et de main de cartes séduit incontestablement. Tout s’associe avec une grande finesse. Les joueurs doivent entre autre gérer le tempo de leurs actions avec une grande justesse sous peine de devoir effectuer des choix de seconde attention. En ce sens, BITOKU réclame une rigueur sans faille et une grande anticipation. Et les très nombreuses interactions vont clairement nous en faire baver.
Oui, car un tour de jeu en lui-même n’est pas si ardu. Il suffit de poser une carte ou un dé et de réaliser l’action correspondante. De plus, les choix ne sont pas, non plus, extrêmement nombreux. On est loin de la profusion de possibilités d’un À la Gloire d’Odin, pour ne citer que lui. Il y en a un bon nombre certes, mais on parvient assez rapidement à tous les appréhender. Ce qui est troublant est le mélange de toutes ces possibilités. On peut en effet se poser dans une zone facilitant la construction pour au final pouvoir bénéficier de déplacements par exemple. Ce gloubiboulga porte quelque chose d’extrêmement éprouvant lors de la première partie et de totalement réjouissant sur les suivantes.
Ce gloubiboulga mécanique porte quelque chose d’extrêmement éprouvant lors de la première partie et de totalement réjouissant sur les suivantes.
Il faut avouer que les icônes ne sont pas non plus très habituelles et il en faut peu pour déstabiliser la petite joueuse que je suis ! Le premier décompte final s’avérera décisif pour nous faire comprendre les enjeux et la profondeur de ce titre qui se termine en une salade de points complète ! Une fois cette première expérience passée, on se dit qu’on en ferait bien une autre… Et une autre. Le fouillis initial devient alors un véritable plaisir. Les opportunités se transforment en stratégie à long terme. Le chemin s’éclaircit comme pour mieux voir la beauté de ce titre singulier. En effet, BITOKU est paradoxalement très original alors qu’il reprend la plupart des mécaniques les plus communes des jeux experts.
Si BITOKU provoque un coup de foudre esthétique immédiat, on en tombe amoureux progressivement.
Je vous le conseille à partir de trois joueurs même s’il peut traîner en longueur. Il apparaît bien plus malin et tendu. Pourtant, les quatre manches ne sont pas intrinsèquement lentes à parcourir, mais la réflexion de chaque joueur va clairement se faire sentir, d’autant plus que chaque action peut être décisive tant le résultat va se jouer sur les détails. Si BITOKU provoque un coup de foudre esthétique immédiat, on en tombe amoureux progressivement, mais intensément. Et l’amour, comme dans la vraie vie, il se travaille pour se maintenir en bonne forme !
Au Final
Très séduisant ! ★★★★☆
Un mélange de mécaniques efficaces, porté par une direction artistique sublime !

Une réflexion sur “Un Œil sur BITOKU”