
Carte d’Identité

Auteur : Manny Vega
Illustrateur : Sandara Tang
Éditeur : Lucky Duck Games
Distributeur : Neoludis
Thématique ★★☆☆☆
Esthétique ★★★★★
Complexité ★★★☆☆
Réflexion ★★★★☆
Interactions ★★★★☆
Rejouabilité ★★★★☆
Une description rapide
Incarnez un Gardien des Flammes, capable de converser avec les dragons, de les placer dans leur habitat idéal et d’utiliser des enchantements afin qu’ils parviennent à produire des choses fabuleuses.
Une partie se compose d’une alternance de tours de jeu durant lesquels le joueur actif effectue deux étapes :
– Visiter une boutique. Il déplace son Dragon sur n’importe quelle autre Boutique de la Ville. Si celle-ci est occupée par d’autres dragons, le joueur actif verse à leurs propriétaires une Denrée.
– Collecter ou Enchanter. Le joueur actif choisit l’une de ces deux options :
° Collecter. Le joueur actif récupère les Denrées (ou Pièces ou Dragons Artisans) de la Boutique, ainsi que celles des Dragons Artisans présents et des Enchantements. Il peut ensuite placer un Dragon Artisan de sa main dans cette Boutique en respectant le type que celle-ci réclame. Puis, il peut Embraser un Dragon, c’est-à-dire appliquer son effet avant d’utiliser la capacité de la Boutique.
° Enchanter. Le joueur actif choisit une carte Enchantement portant le même symbole que la Boutique dans laquelle son pion Dragon se trouve et paie son coût en Denrées pour recevoir sa récompense. Cette carte vient se glisser sous la Boutique actuellement occupée. Puis, il peut embraser tout ou partie des Dragons présents.
À la fin de son tour, le joueur actif doit compléter la Ville avec de nouvelles boutiques si certaines sont entièrement occupées par des cartes Dragon Artisan. Sa main doit compter au maximum sept Denrées de chaque type et six Dragons Artisans. Les réserves des cartes Dragon Artisan et Enchantement sont complétées.
La fin de la partie se déclenche lorsque la pioche des Dragons Artisans ou Enchantements est vide. Après un dernier tour de jeu, les joueurs décomptent leurs pièces restantes et les points de leurs Dragons Fantaisies (objectifs personnels) et les ajoutent aux points accumulés en cours de partie pour déterminer le vainqueur.



Oui ou Non

- Une direction artistique superbe
- Un matériel somptueux et agréable (mention spéciale pour le « playmat » !)
- Une thématique attirante même si anecdotique au final
- Des règles relativement simples
- La présence d’interactions
- Des combinaisons d’effets plus calculatoires que prévus
- Une montée en puissance progressive
- Une course permanente aux objectifs
- Une belle rejouabilité

- Une mécanique de gestion de ressources assez classique
- Des termes complexes et alambiqués pour exprimer au final des actions relativement simples
- Des sensations assez répétitives
- Des prévisions d’actions impossibles tant le plateau change en permanence
- Des tours de jeu pouvant traîner en longueur



En Résumé
En voilà une drôle d’histoire ! Des dragons artisans, embauchés dans des boutiques que l’on peut enflammer pour qu’ils deviennent efficaces… Vous avez compris quelque chose ? Moi, rien du tout…
Et ce n’est pas les différents termes employés dans les règles du jeu qui vont véritablement m’éclaircir le schmilblick. En effet, FLAMECRAFT ne s’est pas simplifié la tâche. Le vocabulaire utilisé complexifie inutilement le titre, alors même que les mécanismes n’ont franchement rien de compliqués et apparaissent même plutôt classiques, une fois le langage apprivoisé. Ainsi, on enflamme un dragon pour activer l’effet d’une carte, ou encore, on enchante pour réaliser un objectif commun. De plus, les descriptions des Dragons Fantaisies, à interpréter comme des Objectifs personnels, sont loin d’être toutes clairvoyantes. De ce fait, FLAMECRAFT effraie injustement de par sa difficulté apparente.
Alors pourquoi ? Oui pourquoi ? Certainement pour coller davantage à la thématique. Alors oui, mais très honnêtement la thématique, on s’en cogne très rapidement le coquillart ! Si elle permet un matériel exceptionnel et des illustrations magnifiques, elle devient très vite anecdotique à côté de la mécanique. Par contre et revenons y un instant, le thème est porteur effectivement d’une atmosphère très agréable. Le jeu est tout simplement somptueux, et cette histoire de Dragons n’aurait sans doute pas été aussi attirante sans eux.
Parlons maintenant de l’essentiel, à savoir de la mécanique et des sensations qu’elle procure. Comme déjà évoqué, elle s’avère plutôt classique. Il s’agit de récupérer des ressources pour les livrer contre des points de victoire. Mais, FLAMECRAFT se distingue par la forme que prend cette course aux objectifs. En effet, le plateau de jeu va évoluer tout au long de la partie et permettre de plus en plus de possibilités, créées par les joueurs eux-mêmes. En ajoutant progressivement des dragons dans les boutiques, les lieux deviennent en effet de plus en plus prisés. La mécanique, plutôt commune en apparence, devient alors franchement originale. Les joueurs devront alors s’organiser au mieux pour profiter du lieu le plus adapté et lucratif à un moment donné.
C’est d’ailleurs sur ce point que FLAMECRAFT peut légèrement décevoir. Les quatre actions enchaînées d’une collecte ou les nombreuses activations permises par un Enchantement prennent un certain temps. L’attente entre les tours freine véritablement le rythme et la fluidité du jeu. De plus, comme le plateau est en perpétuel mouvement, il est difficile, voire impossible de prévoir ces actions à l’avance. Ainsi FLAMECRAFT fait dans de l’opportunisme presque pur alors que les combinaisons d’actions sont au cœur des précipitations.
Le mélange de gestion de cartes et de ressources associé à de la pose d’ouvriers fonctionne à merveille.
Malgré ce gros bémol, les sensations sont excellentes et étonnement singulières. Certes, il y a un petit côté répétitif, mais les joueurs se prennent véritablement au jeu avec plaisir. Les parties sont d’une durée parfaite, pour ce type de jeu, coincé entre l’initié et l’expert. Le mélange de gestion de cartes et de ressources associé à de la pose d’ouvriers fonctionne à merveille. Les interactions sont discrètes, mais bien présentes et la rejouabilité est plutôt bonne. La configuration quatre joueurs semble être le bon compromis entre interactions et temps d’attente entre chaque tour. Par contre, un mystère persiste… Pourquoi huit aides de jeu pour six pions Dragons et cinq joueurs annoncés ?
Sa direction artistique et son « gameplay » lui donnent un charme fou, tiraillés entre une très grande modernité et quelque chose de plus classique.
Bref, malgré quelques incohérences, comme une fin de partie permettant à certains joueurs d’effectuer un tour supplémentaire par rapport à d’autres, FLAMECRAFT est extrêmement plaisant. Sa direction artistique et son « gameplay » lui donnent un charme fou, tiraillés entre une très grande modernité et quelque chose de plus classique. Attention, malgré la naïveté artistique qui se dégage et des règles relativement accessibles, le titre est exigeant et seul le plus malin en sortira vainqueur !
Au Final
Très bon ! ★★★★☆
Du « moderne-classique » dans un écrin de velours !
