
Carte d’Identité

Auteurs : Olivier Mélison & Eric Dubus
Illustrateurs : Loïc Muzy & Ekatrina Varlamov
Éditeurs : Synapses Games & Holy Grail Games
Distributeur : Asmodee
Thématique ★★★★☆
Esthétique ★★★★☆
Complexité ★★★☆☆
Réflexion ★★★★☆
Interactions ★★★☆☆
Rejouabilité ★★★★★
Une description rapide
Incarnez un conservateur d’un Musée réputé et réunissez les plus belles collections de tableaux.
Une partie est une succession de tours de jeu, durant lesquels chaque joueur effectue deux phases :
– Phase d’Acquisition. Il s’agit de piocher deux nouvelles cartes de Peinture. Ces cartes indiquent le Peintre, la Période Artistique et le genre de l’œuvre nommée (et brièvement expliquée). Ensuite, le joueur actif doit échanger une carte Peinture de sa main avec une autre provenant d’un Musée International. Selon la carte indiquant les tendances de chaque Musée, mise en place en début de partie, il est possible de gagner ou de perdre des points de prestige si la carte ajoutée ou enlevée correspond aux critères réclamés par ce Musée. Les autres joueurs peuvent également procéder à un échange de la même façon.
– Phase d’Action. Il est possible d’effectuer une de ces trois actions :
° Améliorer son Musée. Le joueur actif pose des cartes Peinture de sa main (ou provenant des défausses adverses) dans son Musée. Pour chaque carte ajoutée, il doit payer une carte de sa main en la mettant dans sa pile de défausse. De plus, si les cartes ajoutées possèdent un critère commun avec la Carte Tendance de la manche en cours (Public), des points de prestige sont remportés. Les joueurs sont libres de réorganiser leur musée quand ils le souhaitent.
° Organiser une Exposition Temporaire. Dès lors que le joueur actif possède une Collection dans son Musée, c’est à dire quatre cartes Peinture adjacentes du même courant artistique ou de même genre, il peut l’exposer afin de récupérer un nombre de points de prestige fonction du nombre de cartes formant cette collection et obtenir le jeton d’Exposition correspondant. Ce jeton est ensuite positionné sur un des emplacements de son plateau personnel et lui octroie une récompense immédiate, permanente ou en fin de partie.
° Faire un Inventaire. Le joueur actif récupère l’ensemble des cartes placées dans sa pile de défausse.
En plus de son action principale, le joueur actif peut jouer une carte Faveur permettant un bonus d’action et obtenir un Mécène, octroyant un bonus ou des points de prestige, s’il réunit dans son Musée les conditions requises par la carte correspondante.
A la fin de son tour, le joueur actif ne doit pas posséder plus de huit cartes Peinture en main et trois cartes Faveur. Lorsque tous les joueurs ont été actifs une fois, une nouvelle manche débute de la même façon avec une nouvelle carte Tendance Public.
Dès qu’un joueur atteint 50 points, les autres joueurs effectuent un dernier tour de jeu avant le décompte final prenant en compte :
– Les points de chacune de leurs collections
– Les points de chaque Peinture correspondant à la carte Tendance Personnelle, choisie en début de partie
– Les points selon le nombre de jetons d’Exposition Temporaire possédés
– Un bonus si le Musée a été entièrement complété
– Un bonus si la Grande Galerie du Musée a été complété (Partie colorée)
– Les points octroyés par les emplacements occupés des jetons d’Exposition Temporaire
– Un malus selon le nombre de cartes présentes dans la défausse personnelle
Le joueur avec le plus grand nombre de points de prestige remporte la partie.
Oui ou Non






- Une très belle édition, des illustrations à la qualité du matériel
- Un thème vraiment plaisant, original et bien concrétisé
- L’association de collection et de gestion de mains de carte très efficace
- L’agencement très « casse tête abstrait » des Musées personnels
- Les éléments culturels apportés sur chaque Tableau
- Des règles accessibles
- Un nombre de paramètres important à prendre en compte pour chaque décision à prendre
- Fonctionne parfaitement à deux joueurs

- L’Analysis Paralysis provoquant un manque de fluidité et de dynamisme à partir de 3 joueurs
- Une façon de mener ses stratégies relativement semblable d’une partie à l’autre
- Une ambiance assez froide autour de la table et une sensation de jeu solitaire malgré la présence de petites interactions à divers endroits
- Le décompte final fastidieux



En Résumé
Dès qu’un jeu évoque de près ou de loin le troisième art, il m’attire comme un aimant. J’aime cette thématique, autant que celle du Pays du Soleil Levant. C’est comme ça.
Me voilà servie avec MUSEUM PICTURA. Chaque joueur doit organiser du mieux possible son Musée en échangeant des œuvres avec d’autres provenant de plusieurs Musées Internationaux afin de correspondre aux tendances du moment mais aussi à celles qui font la réputation de ces lieux emblématiques. Le thème est très justement concrétisé. L’ensemble des éléments permettent une forte et rare immersion. La preuve en est, les termes et le vocabulaire utilisés se précisent progressivement pour devenir très spécifiques. Les cartes deviennent ainsi des peintures. Le courant romantique remplace la couleur verte et il est fréquent que les joueurs nomment les artistes plutôt que leur numéro attitré. De plus, chaque tableau est véritable, pour un encrage thématique encore plus fort, et est accompagné d’une explication historique et culturelle concise et précise très appréciable. Les joueurs ne peuvent qu’être impressionnés devant autant de travail et de perfectionnisme.
L’abstrait côtoie l’immersion thématique avec réussite dans un casse tête redoutable.
Sur le plan mécanique, MUSEUM PICTURA propose avec panache une gestion de main de cartes dans un objectif de collection. C’est plutôt original et rafraîchissant. D’ailleurs, les premières parties sont véritablement emballantes. Les règles du jeu s’assimilent plutôt rapidement. Mais très vite, la complexité se fait ressentir. En effet, les échanges et les poses de cartes doivent répondre à de nombreux critères, comme les tendances des Musées, de la Manche en cours, ou des collections débutées. Les choix tactiques ne sont pas évidents et doivent se faire, la plupart du temps, à la dernière minute tant le plateau change avec les actions des joueurs adverses. De plus, les différentes pioches de cartes peuvent changer les plans réalisés en amont.
En ce sens, MUSEUM PICTURA sera plus agréable à deux joueurs. À plus, le temps d’attente entre deux tours de jeu peut l’amputer de sa fluidité et le rendre un peu longuet. En effet, le joueur actif doit piocher des cartes. Puis, dans un second temps, tous les joueurs effectuent leur potentiel échange avant qu’il puisse effectuer sa véritable action. En plus de tout le reste, il peut jouer une Carte Faveur ou obtenir un Mécène. Toutes ces actions ne sont pas longues ni complexes en soit, mais demandent chacune un temps de réflexion et d’adaptation important. Ainsi mises bout à bout, les joueurs ont donc beaucoup de temps pour cogiter et changer dix fois d’options avant même que débute leur phase d’action, pendant laquelle ils auront encore l’occasion de gamberger.
Autre petit bémol, plus les parties s’enchaînent et plus les joueurs se rendent compte qu’ils ont construit leur stratégie selon le même agencement. Des collections faibles, de quatre cartes, mais rapides permettent de réaliser des expositions temporaires rapportant bonus et points de victoire. Certes, il y a beaucoup de possibilités, comme répondre aux attentes des Musées ou à celles des Mécènes, et il est possible de gagner sans ces expositions temporaires mais elles apportent des avantages considérables, difficiles à snober.
Une course est alors lancée. Elle prend une forme légèrement dissimulée dans l’acquisition des cartes Peinture, dans l’attrait des Mécènes et dans la réalisation d’expositions temporaires. Mais elle est clairement l’objectif du jeu dans l’atteinte des fatidiques cinquante points déclenchant la fin de partie. Celle-ci implique des interactions importantes que l’on ne ressent pas franchement. En effet, chaque joueur est très concentré sur son propre tableau personnel à constituer. Ce paradoxe entre sensation de solitude et interactions est plutôt singulier, agréable mais déconcertant.
Ce paradoxe entre sensation de solitude et interactions est plutôt singulier, agréable mais déconcertant.
Pour autant, MUSEUM PICTURA est un très bon jeu. Sa rejouabilité est immense, d’autant plus avec les nombreuses extensions à suivre. Le plaisir de compléter son Musée harmonieusement est réel. L’abstrait côtoie l’immersion thématique avec réussite dans un casse tête redoutable. L’exigence s’associe avec une simplicité mécanique étonnante. L’interactivité se mélange avec des réflexions autocentrées avec justesse. Et remarque importante, le jeu a ce quelque chose d’original, qui change d’autres système de jeu plus convenus.
Au Final
Enthousiasmant !
★★★✯☆
Gestion et collection exigeantes dans un univers artistique immersif.