
Carte d’Identité

Auteurs : Nathalie & Rémi Saunier, Marie & Wilfried Fort
Illustrateur : Maud Chalmel
Éditeur : Bankiiiz Editions
Distributeur : Blackrock Games
Thématique ★★★★★
Esthétique ★★★★★
Complexité ★★☆☆☆
Réflexion ★★☆☆☆
Interactions ★★★★☆
Rejouabilité ★★★☆☆
Une description rapide
Épatez le Maître Arcimboldo en créant l’œuvre la plus représentative possible du thème imposé.
Une partie est une succession de tours de jeu durant lesquels, à tour de rôle, chaque joueur incarne le Maître Arcimboldo. Celui-ci choisi une demi-étiquette Nom et une demi-étiquette Complément qu’il accole pour former le thème du tour de jeu en cours. Tous les joueurs tentent alors de réaliser une œuvre représentative du thème sur leur Tableau aimanté personnel à l’aide des fruits, légumes et fleurs disponibles. Lorsque cette phase créative est terminée pour tous, les joueurs commentent leurs œuvres d’art en quelques mots avant de désigner, par un vote, la réalisation la plus convaincante. Le joueur ayant remporté les suffrages récupère les demi-étiquettes de la manche en guise de récompense.
La partie prend fin lorsque les joueurs ont incarné Arcimboldo un certain nombre de fois selon le nombre de participants. Le joueur avec le plus de demie-étiquettes en fin de partie est désigné vainqueur.


Oui ou Non

- Une idée de génie !
- Un matériel superbe et ultra agréable à manipuler
- Des règles extrêmement simples
- Une ambiance apaisante et « feel good » autour de la table
- Un moment suspendu
- La création de souvenirs communs inoubliables
- La variété des possibilités d’association de Mots et Compléments pour des thèmes toujours différents
- Un outil pédagogique indéniable
- Les découvertes surprenantes des œuvres des adversaires
- Une réelle difficulté à proposer des œuvres sortant de nos schémas habituels
- Un sentiment de fierté après chaque réalisation
- Les explications alambiquées, souvent très amusantes
- Un décompte de points anecdotique

- Peut apparaitre un « chouilla » scolaire


En Résumé
Comment résister au mélange de PETITS PEUPLES et de LA VALLÉE DES VIKINGS ? Ah… On me dit dans l’oreillette que ça n’a rien à voir malgré les deux couples d’auteurs réunis pour l’occasion. Il faut avouer que les Sauniers et les Forts sont doués pour brouiller les pistes. Ils s’essayent à des exercices de style très différents et le dernier né de cette union cosmopolite n’est pas en reste.
L’expression « dernier né » n’est pas utilisée par hasard. À LA MANIÈRE D’ARCIMBOLDO ressemble à un bébé que les auteurs ont pris soin de protéger et de pouponner jusqu’à son « accouchement », libérateur d’un élan de générosité et de bienveillance qui se ressent. Tout est d’une douceur extrême dans ce jeu. Le titre sonne comme une recette de cuisine réconfortante d’une « mama » italienne. Le matériel nous plonge dans un plaisir physique de découverte nostalgique des objets. Sa manipulation, presque régressive, est jouissive, amusante et pleine de bonnes ondes. Comme quoi, parfois, il en faut peu pour toucher le cœur des gens.
Le titre sonne comme une recette de cuisine réconfortante d’une « mama » italienne.
À LA MANIÈRE D’ARCIMBOLDO est véritablement émouvant. Pourtant, sa simplicité est déconcertante. Les joueurs créent le plus beau tableau ou le plus représentatif du thème choisi, souvent alambiqué, avec les fleurs, fruits et légumes aimantés disponibles au centre de la table. Il aurait été difficile de faire davantage au plus juste des préoccupations de l’artiste italien du XVIème siècle. Si les premières manches s’avèrent timides, la confiance progresse au fur et à mesure des œuvres réalisées. Le dessin n’est plus une barrière à la confection. A LA MANIÈRE D’ARCIMBOLDO est à portée de toutes les mains. L’imagination très personnelle des protagonistes se matérialise par des tableaux très différents les uns des autres pourtant guidés par un thème commun.
C’est aussi dans la découverte des productions adverses que le jeu prend encore plus d’ampleur. En réalité, « adverse » est un terme peu approprié… La mécanique est très « feel good ». De ce fait, les votes de fin de manches ont finalement très peu d’importance, tout comme le résultat final anecdotique et quasi toujours zappé. Par contre, ce que les joueurs n’oublient pas, c’est d’écouter les explications de chaque artiste attentivement pour mieux comprendre les cheminements de pensée si différents. D’ailleurs, si les résultats ne comptent pas, les œuvres, elles, restent. Instinctivement, les smartphones s’allument pour immortaliser ce moment passé délicat et poétique. Alors, la fierté s’empare des protagonistes, ravis d’avoir fait un « truc pareil » avec un thème à coucher dehors.
Instinctivement, les smartphones s’allument pour immortaliser ce moment passé délicat et poétique.
A LA MANIÈRE D’ARCIMBOLDO est un moment ludique suspendu. Évidemment, sa teneur pédagogique saute aux yeux dès les premières secondes. Les enseignants y verront un formidable objet d’expression, d’ouverture culturelle et de tolérance aux autres. Mais le titre se veut bien plus universel. Il permet de réunir autour d’une table des personnes de tous horizons pour vivre ensemble une expérience élégante, délicate comme une trêve apaisante dans ce monde devenu bien triste et terre à terre. Les parties s’enchaîneront difficilement car le jeu réclame une ébullition créative qu’il est difficile de répéter dix fois de suite. Mais l’envie d’y revenir de temps en temps, telle une madeleine de Proust ou de faire découvrir au plus de monde possible cette idée de génie ne fait aucun doute. Bravo aux FortSauniers ! Chapeau (en trèfles à quatre feuilles) !
Au Final

Délicieux ! ★★★★✯
Une parenthèse ludique charmante et poétique.