
Carte d’Identité
Une description rapide
Parcourrez en gondole les canaux de Venise au XVIè siècle pour commercer et devenir le marchand plus influent possible.
Une partie se compose de tours de jeu alternatifs au cours desquels les joueurs effectuent cinq phases successives :
– Jouer une carte influence afin obtenir un « bonus ».
– Déplacer son Gondolier. Chaque joueur possède deux gondoles mais un seul gondolier. Le joueur actif peut à cette étape déplacer son gondolier sur sa gondole libre ou le laisser dans sa gondole actuelle en payant trois pièces.
– Déplacer la gondole, résoudre les croisements et activer les assistants. Le joueur actif déplace sa gondole portant son gondolier en suivant les différents canaux sur n’importe quel quai de destination. Le premier déplacement est gratuit mais ensuite il doit s’acquitter du prix de chaque déplacement entre deux quais. Lorsqu’il passe devant un bâtiment sur lequel il possède un assistant, il peut l’activer et effectuer n’importe quels effets de l’emplacement actuellement occupé par son assistant ou des emplacements antérieurs. Il s’agit le plus souvent de récupérer des marchandises, de l’argent, des parchemins, des points de victoire ou de baisser son niveau d’intrigue. Si lors de son déplacement, il croise son autre gondole, il peut transférer des marchandises. S’il croise des gondoles adverses, chaque joueur choisit entre perdre un parchemin ou prendre une intrigue.
– Compléter une mission. Lorsque le joueur actif arrête son déplacement sur un bâtiment spécifique, il peut rendre des marchandises (et éventuellement des parchemins) demandées sur une carte mission pour obtenir des points de victoire et de l’argent.
– Avancer un assistant et/ou activer le bâtiment. Lorsque le joueur actif décide s’arrêter sur un quai et de stopper ses déplacements, il peut avancer son assistant déjà présent sur ce bâtiment d’une case (ou en positionner un sur la première case), en poussant les éventuels assistants adverses pour ensuite l’activer. Il est également possible de s’arrêter devant les trois bâtiments communaux du jeu pour récupérer une carte mission (et payer des impôts), et avancer sur la piste du Grand Conseil. Le premier joueur a avoir placer ses dix assistants sur des bâtiments différents gagne huit points de victoire.
La fin de partie est déclenchée lorsque la dernière carte mission de la pioche est récupérée par un joueur ou qu’un joueur atteint la case où se trouve le pion fin de partie sur la piste du Grand Conseil. Il reste alors deux tours de jeu. Le décompte final prend en compte les points de victoire selon l’ordre sur la piste du Grand Conseil et du nombre d’assistants placés. A ce stade, les joueurs peuvent convertir leur argent restant ainsi que des parchemins pour baisser leur niveau d’intrigue. Les pièces restantes après cette conversion font gagner quelques points de victoire. Mais le joueur ayant accumulé le plus d’intrigue est éliminé et ne peut prétendre à la victoire. Après cette élimination, c’est donc le joueur ayant accumulé le plus de points de victoire qui l’emporte.
Oui ou Non

- Un matériel très agréable avec un plaisir immédiat
- Un plateau chargé mais finalement très lisible
- Une iconographie très compréhensible
- Le système d’élimination en toute fin de partie fonction du niveau d’intrigue
- Un jeu de récupération de collecte et livraison de ressources très malin
- Des règles très claires, accessibles et brillamment illustrées
- De fortes interactions dans les choix de déplacements des assistants et des gondoles
- Le système ingénieux de jonglage entre les deux gondoles
- Calculatoire tout en restant agréable
- Une belle rejouabilité avec notamment le placement aléatoire des bâtiments pour chaque partie
- Un petit côté abstrait dans l’art de se déplacer intelligemment
- Des combinaisons d’action des assistants très plaisantes

- La manipulation des éléments (gondoles, ressources) minutieuse
- Les assistants couvrant les informations d’activation
- L’illustration de la couverture très sombre et peu représentative du contenu
- Meilleur à partir de trois joueurs
En Résumé
Comment ne pas tomber immédiatement amoureuse de VENICE à la simple prononciation de son nom ? Imaginez un bel italien (cela fonctionne également avec une belle italienne !) venant vous proposer une partie avec son accent irrésistible et sa voix suave… Je ne vise évidemment personne en particulier, et surtout pas Cesare Mainardi, chef d’Atalia, distributeur de cette merveille ! On me dit dans l’oreillette que je drague… Je reprends. Venise, sa beauté et son romantisme qui appellent à la flânerie, ses gondoles et son art de vivre… Ou bien le monde, le bruit, le tourisme de masse destructeur et les arnaques incessantes… On me dit dans l’oreillette que je casse le mythe… Je poursuis. Autant se positionner clairement dès le début, le jeu va clairement pencher côté obscure de la force. On ne vas pas franchement prendre le temps d’admirer la splendeur des palais mais plutôt jouer des coudes pour arriver à se faire une place dans ce dédale de canaux plus vrais que nature. En ce sens, VENICE réussit à nous entraîner dans la réalité de ce que peux être cette ville, grouillante et fascinante. L’immersion est donc bien présente alors que la mécanique du jeu se veut assez classique et la plupart du temps très difficile à relier concrètement à une thématique quelle qu’elle soit puisqu’il s’agit de collectes et de livraisons de ressources. Il faut dire que la ville s’y prête à merveille. Les déplacements des gondoles le long des quais sont un véritable plaisir pour effectuer nos différents acheminements. En réalité, l’expérience est un peu malmenée par une manipulation particulièrement minutieuse. Mais très honnêtement, le jeu est tellement malin que l’on fait rapidement abstraction de cette petite difficulté. Un autre point un peu plus gênant est l’obligation de soulever chaque assistant des lieux d’activation des bâtiments pour faire apparaître les informations nécessaires à nos possibilités d’actions. C’est d’autant plus dommage que les règles sont relativement accessibles, et que l’iconographie est juste parfaite, ce qui permet à un public assez large d’embarquer en compagnie de David Turczi, plutôt habitué à nous concocter des jeux très complexes. Esthétiquement, c’est pas folichon, même si côté matériel je craque complètement pour les gondoles, le style des assistants et les boîtes de rangements en carton, en mode « écolo-bobo ». Du coup, le rendu visuel en cours de partie est vraiment très joli comparé à l’esthétique du plateau de jeu assez terne et illustrée de façon « carré », un peu à la manière de la découpe des États américains… Mais ces quelques bémols n’ont eu absolument aucun impact sur mon envie de rejouer depuis qu’il est entré dans ma ludothèque. VENICE propose des interactions fortes durant toutes les étapes du jeu, jusqu’à la cerise sur le gâteau et l’élimination du joueur ayant récolté le plus d’intrigues. Ce système, assez peu répandu, contraint fortement les choix stratégiques prévus ou initiés. Il va donc falloir anticiper, calculer et rentabiliser chaque déplacement tout en étant alerte aux actions adverses en essayant de ne pas leur faciliter la tâche. Cet aspect se retrouve principalement dans la montée en puissance des actions permises aux assistants. Les réflexions seront importantes entre le besoin de s’arrêter devant un bâtiment précis mais de potentiellement aider un adversaire à obtenir davantage de possibilités sur celui-ci. Tout est extrêmement bien ficelé pour une durée de partie raisonnable durant laquelle on ne décroche pas une minute. VENICE nous embarque avec beaucoup d’élégance dans une mécanique assez commune qu’elle parvient à sublimer avec quelques détails originaux et beaucoup de subtilités. Le « pick & delivery » souffre parfois d’un petit côté répétitif voire ennuyeux. Ce n’est jamais le cas ici, tant les auteurs ont réussi à ajuster parfaitement le temps de jeu et à associer des éléments presque abstraits avec une part d’aléatoire ludique (cartes), tout en collant parfaitement à la thématique. VENICE est un excellent jeu de catégorie intermédiaire rendant les prévisions d’itinéraire ingénieuses et très séduisantes !